Rocles célèbre chaque année, le dimanche suivant le 24 septembre, la Sainte Thècle. Mais savez-vous pourquoi ?
La vénération de Rocles pour cette sainte Martyre du premier siècle, remonterait à la grande peste de 1348. En effet le village aurait été déplacé et les villageois auraient alors imploré Sainte Thècle qui les auraient épargnés de la térrible épidémie. (cf. histoire de Rocles).
C'est ainsi que depuis des générations, la commune de Rocles rend hommage à sa sainte patronne. Voici son histoire, tirée d'un ancien mini livret. A certains passages une petite partie du texte est devenue illisible avec le temps, ce qui explique le symbole [...] D'autre part étant donné la longueur du texte, pour ceux qui n'auraient pas la curiosité de lire jusqu'au bout, je vous propose un petit résumé.
Résumé de l'histoire de Sainte Thècle
Première martyre au premier siècle de notre ère, elle est née dans l'isaurie en Turquie. À icônium (cette ville s'appelle maintenant Konya), elle fut convertie et instruite par saint Paul lors de son premier voyage missionnaire. Dénoncée aux magistrats comme chrétienne, on la condamna à périr par le feu, mais elle sortit miraculeusement intacte du milieu des flammes. Alors elle fut exposée, dans l'amphithéâtre, aux bêtes féroces, qui se couchèrent à ses pieds. Ainsi elle fut jetée dans une fosse remplie de toute espèce de serpents mais un globe de feu consomma tous les reptiles. Enfin le dernier supplice fut d'attacher ses deux pieds chacun à un taureau afin de l'écarteler mais les liens se brisèrent.
Les plus illustres Pères de l'Église, saint Ambroise, saint Chrysostome, saint Grégoire de Nazianze, qui ont parlé de ces circonstances merveilleuses, donnent à sainte Thècle le titre de martyre, à cause des persécutions qu'elle eut à subir pour sa foi. Elle mourut à Séleucie, ville principale de l'isaurie.
L'histoire de Sainte Thècle
(Vierge et Martyre, Fête en France le 24 Septembre)Avant sa conversion
Sainte Thècle, dont le culte est resté si populaire dans l'Eglise universelle, a mérité de tous les siècles les plus grandes louanges. Les Saints Pères l'ont appelée : la femme apostolique, la fille aînée de Saint Paul, la protomartyre parmi les femmes comme Saint Etienne fut le protomartyr des hommes.
Dieu qui l'avait destinée à être, dans la suite des temps, le modèle de toutes les vierges, la fit naître au moment même où Notre-Seigneur accomplissait l'oeuvre de notre rédemption, à iconium (cette ville s'appelle maintenant Konya (Turquie)), en la province de Cilicie. Ses parents, comptés parmi les plus nobles et les plus riches de la ville, lui firent étudier les belles - lettres et la philosophie, et à l'âge de dix-huit ans, la fiancèrent à un jeune seigneur, appelé Thamyris, héritier d'une des plus grandes familles de l'Asie. ils n'attendaient plus que le temps de célébrer ce mariage, quand Dieu, pendant ce délai, envoya à iconium Paul et Barnabé, qui firent connaître a Thècle l'Epoux céleste auquel elle était réservée.
Les deux Apôtres, chassés d'Antioche, secouèrent la poussière de leurs pieds sur cette ville et vinrent à iconium.
Onésiphore, homme vertueux, apprenant l'arrivée de Paul, quitta sa demeure avec son épouse Lectra, leurs enfants Finnia et Zénon, pour aller au-devant de l'Apôtre. Tite leur en avait déjà parlé et fait pour ainsi dire le portrait, mais leurs yeux ne l'avaient point encore vu ; aussi cherchaient-ils avec une curiosité inquiète dans tous les passants, les signes qu'ils avaient reçus. Bientôt ils virent s'avancer un homme de petite taille, la tête chauve, les jambes légèrement courbées, les sourcils joints et le nez aquilin : c'était Paul. « Je te salue, s'écrie Onésiphore, ministre de celui en qui est toute bénédiction. La grâce soit avec toi, dit l'Apôtre, et avec ta maison. »
Onésiphore conduisit Paul et Barnabé dans sa demeure ; aussitôt ils firent la prière en commun, rompirent la pain, et commencèrent la prédication de la parole de Dieu, aux personnes fort désireuses de leur salut, assemblées dans la maison d'Onesiphore.
Thècle entendit raconter tant de merveilles de l'Apôtre, on lui fit un récit si avantageux de ce qui se passait dans ces saintes réunions, qu'elle employa toutes sortes d'adresses pour y avoir entrée, mais elle ne put réussir, car sa mère ne la perdait jamais de vue. Elle s'établit à une fenêtre contiguë à la demeure du disciple ; de là elle recueillait avec avidité les discours de l'Apôtre. Elle désirait ardemment accompagner les femmes et les vierges admises en présence du saint prédicateur, car de sa fenêtre elle n'entendait que des paroles, et ses yeux n'avaient jamais pu voir les traits de Paul.
Théoclia, tel était le nom de sa mère, voyant que rien ne pouvait arracher sa fille de ce lieu, fait mander Thamyris ; celui-ci tout joyeux s'empresse d'arriver ; il croit que le temps des noces est fixé. quelle ne fut pas sa surprise, quand Théoclia lui apprit l'obstination de Thècle à rester assise à la fenêtre, suspendue aux lèvres d'un étranger, qui trouble la ville par ses discours trompeurs : « Va, parle-lui, dit-elle, car Thècle est perdue pour toi. » Thamyris vint le premier auprès de Thècle et bientôt après la mère arriva. Ni leurs paroles flatteuses, ni leurs menaces ne purent un instant ébranler la résolution de la jeune fille.
Thamyris, irrité, s'éloigna de la maison pour aller observer ceux qui se rendaient à la demeure d'Onésiphore. Au milieu de la rue, il vit deux hommes en querelle. « Etrangers, qu'avez-vous ? s'écrie Thamyris ; et dites-moi quel est ce personnage qui instruit ici tant d'hommes et de femmes, et promet de grandes récompenses à ceux qui embrassent sa doctrine ? » Démas et Hermogènes, deux faux disciples remplis d'hypocrisie, qui avaient accompagné Paul à iconium, lui répondirent ; « Puisque tu es l'un des magistrats de la ville, nous te le ferons connaître. Disciple de ce Jésus de Galilée, il veut enseigner la doctrine de son Maître, mais par ses maximes merveilleuses il séduit les peuples, met le désordre dans les familles en abolissant le mariage. - Venez dans ma maison, interrompit Thamyris, nous en parlerons plus à l'aise. » Un festin splendide leur fut préparé ; tout y était en abondance et les richesses étalées avec profusion. Les deux fourbes qui espéraient une récompense, s'ils parvenaient a livrer l'Apôtre prirent la parole : « Thamyris, ordonne de conduire devant le gouverneur Castellius, ce nouveau philosophe qui trouble ainsi la ville. Nous, nous annoncerons que c'est un imposteur et que ses prédictions ne sont jamais accomplies. » Jaloux et colère, Thamyris, à la tête des magistrats, des geôliers, de Juifs armés de bâtons, court à la maison d'Onésiphore : « Tes discours jettent le désordre dans iconium, dit-il à Paul, pervertissent les jeunes gens ; suis-moi devant le gouverneur. - qu'il disparaisse ce magicien, vociférait la foule ; par ses maximes nouvelles, il veut changer la face du monde. »
Paul devant le gouverneurDebout en présence de Castellius, le saint Apôtre fut d'abord accusé par Thamyris. Le proconsul inquiet, ne trouvait aucun motif suffisant pour le condamner. Alors Démas et Hermogènes dirent à Thamyris : « Dénonce-le comme chrétien, peut-être son nouveau culte lui vaudra la peine de mort. » Le gouverneur se fit amener Paul : « qui es-tu lui demanda-t-il et qu'enseignes-tu ? - Le Dieu tout-puissant, le seul qui mérite nos adorations et nos sacrifices, nous a aimés jusqu'à envoyer son fils unique sur la terre, pour nous sauver et nous arracher du péché. Je suis envoyé pour vous annoncer son Evangile, qui peut seul guérir les maux du monde vieilli par le péché. Si j'obéis à Dieu, proconsul, en quoi suis-je coupable ? » Castellius impatienté fit enchaîner et jeter Paul en prison. « qu'on le garde là, dit-il, jusqu'à ce que je puisse l'entendre à loisir. »
Comment Thècle rejoint Paul - Elle est trahie
Thècle ignorait ce qui s'était passé. Les bruits confus de la foule, le silence de Paul la jetèrent dans une grande inquiétude. Bientôt après, instruite du sort de l'Apôtre, son amour de la vérité lui fit découvrir le moyen de se rendre aux pieds de son maître. Déjà complètement détachée des choses d'ici-bas, elle vendit ses bijoux et ses pierres précieuses et, avec leur prix, parvint à gagner le portier de la maison paternelle qui lui ouvrit les portes pendant la nuit. Elle se dirigea vers la prison, donna un miroir d'argent au geôlier et fut introduite près de l'Apôtre. Assise à ses pieds, attentive au récit des merveilles de Dieu, elle gravait dans son coeur les préceptes qu'elle entendait. L'exemple de Paul, souffrant avec courage, plein de confiance dans la puissance de Dieu, fortifiait sa foi, et souvent ses larmes arrosaient les chaînes du prisonnier.
Théoclia inquiète sur le sort de son enfant, députa ses serviteurs dans toutes les directions. Elle la croyait perdue, quand le portier avoua que pendant la nuit elle s'était dirigée vers la prison. Des eunuques furent envoyés et en effet ils trouvèrent la jeune fille aux genoux de l'étranger. A cette nouvelle, la foule se rassembla et dénonça au proconsul ce qui venait d'avoir lieu. Castelius envoya chercher Paul et le fit comparaître à son tribunal. Pendant ce temps, Thècle restée seule à la prison, baisait avec respect le siège où Paul était assis pour l'instruire, et ses larmes baignaient les traces de ses pas.
Castelius ordonna de la faire sortir. Pleine de joie, Thècle s'empressa de venir au tribunal où l'attendait le gouverneur. Au dehors, les païens soulevés par les Juifs, redoublaient ces cris : « A mort le magicien, le séducteur ! » Charmé de l'éloquence de Paul, Castellius écoutait avec plaisir les récits des miracles du Christ et admirait la sublimité de ses enseignements. Théoclia s'écria alors au sein de l'assemblée : « Brûle Thècle au milieu du cirque. Elle viole les lois. que cet exemple remplisse de crainte tous ceux qui se sont laissés enchaîner par la doctrine de cet étranger. »
Le proconsul ne fit pas la moindre opposition car le peuple ameuté menaçait de le dénoncer à l'empereur s'il ne livrait pas les chrétiens au supplice. Dans un moment de crainte, Castellius ordonna donc de faire paraître la jeune vierge. immobile, les regards fixés sur Paul, elle ne répondit rien aux accusations insensées du proconsul, aux menaces de sa mère et aux promesses de son fiancé. Castellius, à la vue de la joie qui rayonnait sur le front de l'Apôtre et de la vierge, se troubla, quitta le tribunal en ordonnant de flageller Paul et de le chasser d'iconium.
Le gouverneur se rendit au théâtre. Les païens soulevés par les Juifs l'accompagnaient, demandant à grands cris la mort du magicien, du séducteur.
Paul venait à peine d'être conduit hors de la ville que Thècle reçut l'ordre de se rendre au lieu du supplice.
Dans le trajet du tribunal au cirque, les menaces d'un peuple exalté, la pensée d'un supplice si cruel, ne purent diminuer en rien la joie qu'elle ressentait de mourir pour Jésus-Christ, mort pour moi, disait-elle, il y a très peu de temps. Le sort de l'Apôtre seul venait l'inquiéter. Ses regards se portaient souvent de part et d'autre et cherchaient sa présence. C'est alors que Notre-Seigneur, sous les traits de Paul, lui apparut au milieu du cirque. Paul vient assister à ma mort, se dit-elle, il craint que le courage ne m'abandonne. Ses yeux voulurent se fixer sur la vision, mais Notre-Seigneur s'éleva aussitôt dans le Ciel. Dépouillée de ses vêtements, la jeune vierge fut amenée au milieu du cirque où s'élevait un immense bûcher. L'éclat de la beauté toute céleste qui s'épanouissait sur son visage arracha des larmes au gouverneur ; mais les cris d'un peuple en délire le forcèrent d'exécuter un ordre qu'il aurait voulu révoquer. Thècle monta sur le bûcher, fit sur elle le signe de la croix, puis livrant son corps aux flammes elle priait Dieu de recevoir son âme dans son saint paradis ; déjà le feu l'entourait de toutes parts. Le peuple croyait que la victime était consumée, quand soudain les flammes se divisèrent et laissèrent entrevoir le corps intact de la jeune vierge qui tenait les deux mains levées vers le Ciel. Dieu ne voulut pas laisser plus longtemps sa servante en spectacle. En un instant un épais nuage obscurcit le ciel, s'abattit tout entier sur le bûcher, et mit le désordre parmi les spectateurs. Les flammes furent complètement éteintes. Thècle miraculeusement délivrée fut reçue dans la maison d'un fervent chrétien de la ville ; elle passa plusieurs jours sans savoir ce qu'était devenu le saint Apôtre, mais Dieu ne la priva pas longtemps de cette consolation.
[...]Onésiphore fut chassé d'iconium avec toute sa famille en même temps que saint Paul. Retirés dans une caverne non loin de la ville, ils jeûnaient et priaient. Au bout de quelques jours, les enfants d'Onésiphore dirent au saint Apôtre : « Père, la faim commence a nous faire souffrir et nous n'avons rien pour acheter du pain . » Leur père en effet avait abandonné toutes ses richesses pour suivre le ministre du christ. Paul ne pouvait voir souffrir ceux qui avaient tout laissé pour embrasser les maximes de l'Evangile. il se dépouilla de son manteau et ordonna aux enfants d'aller acheter du pain. Sur leur chemin Zénon et Simmia aperçurent une jeune fille dont les larmes et la tristesse annonçaient la grande douleur. Simmia dit à son frère : « N'est-ce pas la jeune Thècle ? Oh ! non, mon frère, reprit Zénon, elle a confessé qu'elle était chrétienne et Castellius l'a fait brûler vive. » Simmia ne crut pas à la parole de Zénon et s'avançant près de la jeune fille il lui dit : « Thècle, où vas-tu ? - Je cherche Paul, répondit-elle, depuis que Dieu m'a sauvée des flammes. - Viens, nous te conduirons à lui , car il a longtemps pleuré et prié pour toi. » Les deux enfants firent leurs provisions et conduisirent Thècle auprès des serviteurs du christ. Paul priait à genoux. Aussitôt la jeune vierge fit à Dieu cette prière : « Maître tout-puissant, soyez béni, vous m'avez épargnée au milieu des flammes pour que je puisse revoir votre fidèle ministre. » A ces mots, Paul qui ne l'avait pas encore aperçue, se retourna et bénit le ciel de l'avoir exaucé. La joie occasionnée par la délivrance et le retour de la jeune fille fit oublier les souffrances endurées jusqu'alors. Pendant les agapes, les discours du Saint-Apôtre sur les oeuvres et les miracles du Sauveur, augmentaient la foi et la charité des frères. il continua à instruire et à prémunir Thècle contre des épreuves bien plus terribles à cause des dons extérieurs dont le ciel l'avait comblée.
1ère image : Thècle exposée aux bêtes dans l'amphithéâtre, les voit s'entre-dévorer et rend grâces à Dieu.2ème image : portrait de Thècle
Antioche - nouveau supplice
Dieu avertit Paul de quitter iconium et de se rendre à Antioche. il prit avec lui Thècle. Bénissant Onésiphore et sa famille il le pria de retourner dans sa maison. Alexandre, l'un des principaux magistrats d'Antioche, voulut épouser Thècle, et pour cela chercha à gagner l'Apôtre par des promesses. Celui-ci repoussa son or, ce qui blessa le gouverneur et fut l'occasion de nouveaux châtiments. Thècle refusa la main d'Alexandre et fut admise parmi les veuves et les vierges de la ville.
L'éclat de ses vertus la fit bientôt remarquer. Après une nouvelle accusation, on la condamna aux bêtes. En attendant le jour du supplice, une veuve nommée Triphéna dont la fille Falconilla venait de mourir, demanda au gouverneur de recueillir la jeune vierge chez elle. La loi permettait d'exaucer ce genre de prière. Au jour indiqué Triphéna conduisit elle-même sa fille adoptive jusqu'au lieu du supplice. Celle-ci fut amenée au milieu de l'amphithéâtre et aussitôt on lâcha une lionne furieuse. Oubliant sa férocité naturelle, l'animal vint doucement caresser de sa langue les pieds de sa victime. Depuis longtemps elle n'avait pas mangé ; mais ni la rage de la faim, ni les artifices des bourreaux, ni les huées du peuple qui, seules étaient capables de la mettre en furie, ne purent réveiller son instinct carnassier. « La lionne, dit saint Ambroise, adora sa proie, et calmant sa fureur, elle se revêtit des sentiments de la compassion naturelle dont les hommes s'étaient dépouillés. » Le gouverneur ordonna de faire rentrer les bêtes et Triphéna reconduisit sa fille dans sa maison. [...] sa mère et lui dit : « Thècle, servante du Christ, peut m'ouvrir par ses prières, les portes du ciel. » A son réveil Triphéna se fit instruire et pria Thècle de secourir sa soeur ; bientôt après, une vision montra la félicité de Falconilla dans le ciel.
La vierge attendait avec bonheur le jour de sa délivrance. Alexandre vint la chercher à la maison de Triphéna : « Tu veux, lui dit celle-ci, faire entrer une seconde fois le deuil dans ma maison ; privée de mon époux et de ma fille, tu mets le comble à ma douleur en torturant celle qui fait la consolation de mes vieux jours. » Emu jusqu'aux larmes, Alexandre s'éloigna. A cette nouvelle, le préfet donna l'ordre à ses soldats de lui amener la vierge. Triphéna lui prit la main et dit : « Hier, j'ai accompagné ma fille au tombeau, aujourd'hui c'est toi, ma chère Thècle, que je conduis aux bêtes. » La martyre, les larmes aux yeux, pria le Seigneur de donner à Triphéna une digne récompense de son amour.
Arrachée des bras de sa mère, Thècle fut placée au milieu du stade. On lança d'abord sur elle des lions et des ours ; aussitôt la lionne qui l'avait épargnée la première fois, courut vers elle et lécha ses pieds. Un ours s'avança, mais la lionne le mit en pièces. Puis ce fut le tour d'un lion habitué à se nourrir de chair humaine ; après une longue lutte, les deux animaux expirèrent pendant que la vierge priait les mains levées au ciel. Le préfet la fit alors jeter dans une fosse remplie de toute espèce de serpents. A peine y fut-elle précipitée qu'un globe de feu consomma tous les reptiles, et la Sainte fut délivrée.
Alexandre dit au préfet : « qu'on attache cette femme à des taureaux furieux pour qu'ils l'écartèlent. » Les deux pieds de la Vierge furent attachés chacun à un taureau et les bourreaux armés d'aiguillons très pointus et de fers rougis au feu excitaient les animaux. Ceux-ci s'élancèrent en poussant d'affreux mugissements ; les liens se brisèrent et notre Sainte resta encore seule au milieu du stade.
A la vue de tant de supplices, Triphéna expira, et sa mort effraya les spectateurs, surtout les magistrats qui demandèrent la délivrance de Thècle. Le préfet, étonné de ce prodige, demanda à la jeune martyre pourquoi les animaux avaient tant de respect pour elle. Elle répondit : « Je suis la servante de Dieu maître de l'univers. » Alors parut un décret du proconsul : « Je remets en liberté Thècle qui adore le vrai Dieu et dont la puissance nous a paru admirable. »
A cette nouvelle ce ne furent que cris de joie et d'actions de grâce. « il n'y a qu'un Dieu vrai, le Dieu de Thècle. » Celle-ci fut conduite en présence de Triphéna, et, au milieu des acclamations, la morte se ranima : « Je crois à la résurrection des morts, s'écrie-t-elle, je crois que ma fille Falconilla est vivante, » et en disant ces mots, elle s'élança dans les bras de la martyre. Elle retourna ensuite dans sa maison où Thècle instruisait les personnes désireuses de leur salut.
Thècle apôtre à iconium
La joie était grande parmi les chrétiens d'Antioche de posséder la servante de Dieu, mais celle-ci n'avait qu'un désir : revoir Paul. [...] annonça que le saint Apôtre était à Myre. Accompagnée de plusieurs disciples elle s'y rendit et trouva Paul instruisant les païens, étonnés des miracles que ses mains opéraient. L'Apôtre la conduisit aussitôt dans la maison d'un fervent disciple. Thècle raconta les grâces dont Dieu l'avait comblée, et comment elle était sortie victorieuse des supplices. Puis elle ajouta : « Maintenant Dieu me veut à iconium. - Va enseigner sa parole » dit Paul en la bénissant.
Thècle vint à iconium, se dirigea d'abord vers la maison d'Onésiphore et baisa en versant d'abondantes larmes le siège où Paul était assis quand il lui apprenait le chemin du bonheur. Thamyris était mort dans la fleur de l'âge peu après le départ de sa fiancée. Théoclia vivait encore. Pour l'amener à la foi, la bienheureuse martyre employa tous les moyens, mais sa mère refusa de croire à ses paroles. C'est alors qu'elle quitta iconium pour venir à Daphné et de là à Séleucie.
Non loin de la ville elle se pratiqua un petit ermitage et y finit ses jours. A l'âge de 80 ans, elle quitta cette vie de souffrance pour aller recevoir de son Epoux céleste la double couronne du martyre et de la virginité. Elle mourut dans la ferveur de l'oraison, comme une chaste colombe qui trouve son repos dans les trous de la pierre, autrefois son asile et son sanctuaire, maintenant son sépulcre.
Les plus grands docteurs de l'Eglise se sont plu à exalter les vertus éclatantes de l'héroïque fille de saint Paul. Saint Augustin dans son livre contre Fauste, saint Ambroise, dans son traité des vierges, saint Jérome, saint Jean Chrysostome, saint Grégoire de Nysse, saint Epiphane et beaucoup d'autres, dans leurs écrits ou du haut de la chaire ont mis toute leur éloquence à célébrer les louanges de notre Sainte. La haute estime qu'on avait de sa vertu, faisait qu'anciennement, pour relever le mérite d'une femme et la distinguer du commun, on disait qu'elle était une autre Thècle. C'est ainsi que saint Grégoire de Nysse se plaisait à nommer sa soeur Macrine.
Saint Grégoire de Nazianze se rendit à Séleucie pour visiter son tombeau et l'on y accourait de divers endroits, à cause des nombreux miracles que Dieu opérait par son intercession. Les païens, les infidèles eux-mêmes, allaient la prier et souvent ils obtenaient le secours qu'ils demandaient. On implore d'ordinaire l'assistance de sainte Thècle pour demander au ciel de nous préserver de l'incendie et de nous être favorable [...]
L'Eglise dans l'oraison pour recommander à la miséricorde divine les âmes des agonisants fait cette prière : « Nous vous supplions, Seigneur, que comme vous avez délivré la bienheureuse Thècle vierge et martyre de trois cruels tourments, vous ayez aussi la bonté de délivrer cette âme et de lui faire la grâce de jouir avec vous des biens célestes. »
L'empereur Zénon éleva à Séleucie une superbe église en l'honneur de la martyre ; l'assistance de Thècle lui avait permis de recouvrer l'empire. Ses restes précieux d'abord conservés à Séleucie, reposent maintenant dans l'église métropolitaine de Tarragone en Espagne.