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bapteme de l'école

École "Marthe et Pierrette DUPEYRON"

Mis en ligne le 04/07/2005

Voici le nom donné à l'école du village pour rendre hommage à ces deux soeurs tragiquement disparues en janvier 1941 et qui habitaient le village.
Le baptême de l'école s'est déroulé en présence de Mme SAINT-JEAN Denise, la soeur de Marthe et Pierrette et de l'inspecteur départemental de l'éducation nationale.
Pour ceux qui ne connaissent pas cette histoire, lisez ce récit sur les soeurs DUPEYRON.

Voici le discours lu en ce 04 juillet 2005 par M. le maire, l'instigateur de ce projet :

C'est avec une grande émotion que nous sommes réunis, aujourd'hui, pour célébrer la mémoire de Pierrette et Marthe DUPEYRON, tragiquement disparues.

Jusqu'ici aucune école n'avait associé le nom de Pierrette à celui de Marthe, nous avons souhaité réparer cette absence, afin qu'elles demeurent à jamais dans notre mémoire et que leur présence soit inscrite elle aussi au fronton de notre école publique.

Un modeste témoignage d'admiration et de reconnaissance devant un tel sens du devoir, devant un tel courage, une telle abnégation allant jusqu'au don suprême de leurs deux jeunes vies exemplaires.

C'est le moment aussi de rendre hommage à leurs parents Marthe et Jean-Pierre DUPEYRON eux aussi deux grandes figures d'instituteurs que l'on n'a pas oubliées non plus.
Marthe DUPEYRON née MAGNE en 1886 était lozèrienne, du petit village des Hermaux, canton de Saint Germain du Teil à 20 kilomètres de Marvejols. Ses parents étaient de très modestes paysans ayant à charge 9 enfants.

Quand la 2ème soeur ainée, Marie MAGNE épouse VERGNET, voulut entrer à l'école normale de jeunes filles de Mende, les parents n'hésitèrent pas à vendre la moitié de leur petit troupeau de moutons pour payer son trousseau. C'est elle, qui plus tard à son tour, aida Marthe, à devenir institutrice. Elle eut 3 enfants ; deux se sont mariés à Rocles. VERGNET Pierre épousa PASCAL Victoria qu'il connut chez Mr et Mme DUPEYRON et VERGNET Camille, rencontra RIEUTORD Cyprien au mariage de son frère.
Cette famille de paysans donna à l'école publique une troisième institutrice : Angèle ; enterrée non loin d'ici à Laval-Atger.

Marthe Dupeyron enseigna d'abord à la Chaze, puis à Rocles pendant 22 ans de 1919 à 1941, avec son mari Jean-Pierre DUPEYRON, né à Mende, également instituteur et secrétaire de mairie à Rocles. Leur souvenir est resté gravé dans la mémoire des Roclais et il se perpétue avec reconnaissance jusqu'à aujourd'hui.

Trois filles naquirent de leur union : Marthe en 1919, Pierrette en 1921 puis Denise en 1923, dont la présence parmi nous, nous honore.
Pierrette et Marthe ont quitté Rocles le 2 janvier 1941 par temps de guerre, par temps de neige. Elles ne devaient plus revoir Rocles, ni leur mère, ni leur soeur Denise. Il s'agissait pour l'une d'assurer l'ouverture de l'école de La Vaissière le lendemain matin, pour l'autre d'aider et de seconder sa soeur dans sa tâche. Pouvons-nous dire lequel de ces deux devoirs est le plus méritant ? Faut-il le dire ? Les premiers hommages ont souligné le sacrifice de Marthe, la courageuse institutrice titulaire, mais ce sont deux enfants qui avaient grandi dans notre commune, deux enfants dont le dévouement ne se mesure pas, qui ont été retrouvées sans vie dans la neige à quelques centaines de mètres du hameau de La Vaissière. Deux soeurs pour Denise DUPEYRON, Deux filles pour Mme DUPEYRON, veuve depuis 1937, Deux vies inséparables jusque dans la mort, Deux enfants que nous avons décidé de réunir dans notre hommage. Pierrette ! Marthe ! l'école publique de notre village portera désormais vos noms.

Pourquoi rappeler aujourd'hui ces évènements de 1941, époque noire de notre histoire ?
D'abord pour ne pas ajouter au fatal manteau de la neige celui de l'oubli.
La trace profonde laissée par la disparition des soeurs DUPEYRON parmi la population du village était essentiellement orale. Cette trace était, est encore, partagée par les témoins directs, camarades d'enfance ou participants aux funérailles glacées des deux soeurs à Rocles.
Cette trace était une émotion commune qui tout en faisant partie de l'histoire de notre village n'avait pas besoin de s'écrire, justement parce qu'elle était commune.

Hélas le temps arrive où les rangs des témoins directs s'éclaircissent. Il n'était que temps de recueillir et de rassembler les souvenirs. Il était nécessaire que les plus jeunes, les enfants de l'école, participent à ce travail. Vous avez vu, ou vous verrez, l'exposition de leurs travaux et des documents d'époque qui ont pu être réunis.

L'école, oui, l'école ! rappeler ces évènements pour l'école.
Deux soeurs, nées chacune dans une école, filles d'un couple d'instituteurs.
Deux soeurs quittant cette école de Rocles qui avait été leur maison pour aller assurer l'ouverture d'une autre école à La Vaissière.
Et la dernière soeur, Denise, endossant, malgré le drame, la même carrière.
Rappeler ces lignées qui se vouèrent entièrement à la charge d'instruire. Avec l'abnégation, avec le sacrifice parfois ! Ces lignées d'éducateurs d'enfants qui transformèrent nos fils de paysans en médecins, en avocats, en instituteurs...
Rappeler l'effort central de l'Etat pour apporter l'accès au savoir dans le plus petit hameau, sans souci d'économie.
Rappeler que cette transmission est passée par une présence humaine et que rien ne pourra remplacer ce réseau d'hommes et de femmes.
Redire simplement notre attachement au maintien et au développement de l'école publique Marthe et Pierrette Dupeyron de Rocles.
Réaffirmer enfin notre attachement à la notion de devoir.

En 1941, pendant la guerre, dans cette partie de la France, non occupée, est-ce pour remplir leurs obligations envers le gouvernement de l'époque, que Marthe et Pierrette DUPEYRON n'ont pas différé leur départ ? Pourquoi était-il si important, à leurs yeux, de ne pas priver d'un jour de classe les écoliers de La Vaissière ?
Il n'est pas interdit de penser, que dans une période troublée, menacée, c'est dans la fidélité aux valeurs constructives de notre société qu'elles ont puisé leur décision.

A notre époque ou le principe de précaution, ou bien les convenances personnelles font parfois bon marché de la fréquentation des écoles, il nous paraît bon de rappeler que le devoir n'est pas la somme des obligations qui nous incombent.
Le devoir, c'est ce que l'on s'impose à soi-même au nom d'une cause qui nous dépasse, au nom d'une adhésion aux valeurs de la société qui nous a construits.
Que vive le souvenir de Marthe et Pierrette DUPEYRON.

Je voudrais remercier de leur présence qui nous honore :

  • Mme SAINT-JEAN Denise, sa fille, son fils et ses petits enfants,
  • Mr l'Inspecteur départemental de l'éducation nationale,
  • Mr le Principal du collège Marthe Dupeyron de Langogne,
  • Les institutrices et instituteurs qui ont enseignés à Rocles,
  • Les Maires des communes de Langogne, Naussac, Pierrefiche et Chastanier,
  • Les Archives Départementales de Mende,
  • Mr MOULIN Raymond, très généreux et fidèle donateur,
  • Mr CAULET et Mme CHAMPON-CHIRAC pour leurs poèmes et leur documentation sur la famille DUPEYRON,
  • Les instituteurs actuels et l'aide maternelle,
  • Les élèves de l'école pour la réalisation de l'exposition,
  • Les parents d'élèves,
  • Les bénévoles.
Raymond MARTIN, Maire de Rocles

Voici un document pdf qui rassemble quelques photos de la famille Dupeyron. (vu )
Consulter les photos de cette journée. (vu ).